la route, lieu de l'accident
La route et ses abords immédiats constituent le lieu où se déroule l'accident. Les conditions extérieures qui prévalent à l'instant de la collision, de la sortie de route, sont un puzzle.
La route est une entité complexe. L'éclairage diurne ou nocturne, l'adhérence du revêtement, le profil de la route... constituent des paramètres connexes à la collision ou la sortie de route. Les conséquences humaines de l'accident sont parfois graves, l'imputabilité des lésions est parfois contestée par ceux-là même qui sont tenus d'indemniser le préjudice.
L'adhérence de la route n'est pas uniquement liées à la route, au revêtement. Elle dépend surtout de ce qui recouvre la surface roulante, eau, neige, glace, gravier, gaz-oil.
À 50 km/h un freinage de 14 mètres immobilise la voiture, si la route est sèche et si le revêtement est en bon état. Mais 70 mètres de glissade seraient nécessaires si un camion-citerne y a laissé une couche continue de gaz-oil.
Les revêtements routiers peuvent s'adapter aux conditions de roulage ou aux conditions climatiques. Les responsables de l'équipement choisiront un revêtement spécifique pour la route de campagne souvent verglacée en hiver. Tandis qu'un enrobé draînant assure une absorption d'eau optimale aux autoroutes qui en sont équipées.
Cette portion de route illustre plusieurs pièges que les études d'accidentologie ont mis en lumière.
Le profil en long de cette chaussée se caractérise par un chagement de pente qui conduit à une perte de visibilité rapide. Juste avant, un effet de tremplin, peu accusé en apparence, mais traître pour la même raison, serait dangereux en cas de fort excès de vitesse.
Le jour, des effets d'ombre liés à la végétation sont de nature à retarder la vue d'un danger (par exemple un véhicule qui ne serait pas à sa place sur la chaussée).
La nuit, on pense être en mesure de voir venir les phares en face longtemps à l'avance ; on ne perçoit pas les virages en chicanes qui viennent immédiatement après ; la végétation aidant, ce profil de la route retarde considérablement la prise en compte du véhicule venant en face, même de nuit.
Les études en accidentologie des transports ont démontré un paradoxe : la nuit, le conducteur tend à considérer que la zone de danger potentiel se restreint à la zone éclairée par ses phares. Ce qui est dans le noir est écarté. D'où le résultat surprenant : moins il voit loin, plus il accélère.
Le relevé des lieux du sinistre permet à notre rapport d'expertise de prendre en compte tous les facteurs liés à la chaussée, à la route, à son emprise et ses abords immédiats.
